Voilà une partie de l'avion qui ne fait parler d'elle que quand tout va mal. Nous connaissons tous, ou, avons déjà entendu parlé des boites noires d'avions, mais c'est très souvent dans les émissions où l'on cherche à déterminer les causes d'un accident d'avion. Ces boites de 7 à 10kgs sont pratiquement le seul moyen pour mener une investigation dans ce sens. Mais quand on y pense, cela paraît magique. Comment cette partie permet elle à elle seule de remonter le temps et comprendre le cours des évènements? Ou comment ça se fait qu'elle ne se détruit pas comme les autres parties de l'aéronef qu'on retrouve généralement en morceaux. Eh bien, voyons ensemble comment ça marche.

Il est écrit: "FLIGHT RECORDER DO NOT OPEN
Brève histoire des enregistreurs de vol en aviation
L'inventeur
La boite noire est basiquement un enregistreur de données. Elle est destinée à sauvegarder et à restituer les paramètres de vols et les conversations dans le cockpit (entre les pilotes ou avec les contrôleurs aériens) pour une éventuelle analyse des circonstances d'un accident. L'histoire veut que les premiers enregistreurs de vols soient attribués à François HUSSENOT et à Paul BEAUDOIN, alors ingénieurs au Centre d'Essais en Vol de Marignane en France. Les premiers hussénographes, comme on les appelait à l'époque, ont vu le jour à la fin des années 30. Polytechnicien de formation, HUSSENOT s'est spécialisé dans l'étude, la réalisation et le perfectionnement des instruments de vol. C'est officiellement en 1939 qu'il conçoit le premier enregistreur de données.

François HUSSENOT: 1912-1951
Pourquoi le nom "Boite noire"
Les premiers hussénographes étaient conçus à partir de photographies. En effet, pour enregistrer les données, un système de miroirs permettait de projeter les indications des instruments de vol sur une pellicule. Les pellicules photosensibles étaient enfermées dans un cadre noir. Elles ne devaient pas être éclairées car étanches à la lumière. Elles étaient ensuite développées dans une chambre noire pour permettre de recouvrer les images. Les versions modernes n'utilisent plus ces "boites noires", mais le nom a bien persisté. De nos jours, on utilise des enregistrements magnétiques ou électroniques.

Les enregistreurs de vol à l'époque
Pourquoi la boite noire n'est pas noire?
Cela peut vous paraitre bizarre, mais les boites noires ne sont pas du tout noires. Au contraire, elles sont de couleurs vives, le plus souvent oranges, et parfois rouges. Elles sont également recouvertes de surfaces blanches réfléchissantes. Vous l'aurez deviné, c'est pour une question de visibilité. Les enregistreurs de vols sont généralement sollicités en cas de crash, et sur les lieux de l'impact, parmi les millions de débris, il faut arriver à les repérer. Les couleurs vives permettent de pouvoir mieux et vite les identifier même si toutefois il y'a des fouilles dans des zones peu éclairées.

Des boites noires oranges
Où sont les boites noires dans l'avion?
Où placer l'enregistreur de vol dans l'avion si on veut augmenter ses chances de le retrouver en cas de crash? Selon vous, quelle est le meilleur endroit pour le cacher? Réfléchissez quelques secondes, essayez de trouver une réponse avant de continuer la lecture... Déjà, on est d'accord que le mieux c'est de le mettre dans l'endroit le plus sûr de l'avion. La question maintenant c'est de savoir quel est cet endroit. Statistiquement parlant, le lieu le plus sûr dans la cabine, c'est l'arrière. C'est bien la partie la plus préservée en cas de crash, contrairement au nez ou au ventre de l'avion. Une des boites noires se situe donc à l'arrière de l'avion. Elle est placée très souvent en dessous de l'emplanture de l'empennage, un peu à l'avant de la queue. Je dis une des boites noires, parce qu'en fait, il y'en a deux, et la deuxième, le CVR, se trouve à l'avant de l'appareil. On y arrivera. Il faut cependant noter que suite à une nouvelle directive de l'OACI (Organisation de l'Aviation Civile Internationale), les avions de ligne certifiés après le 1er Janvier 2016, peuvent être équipés de deux enregistreurs combinés au lieu de deux boites noires classiques distinctes. Le choix revient au constructeur.

L'emplacement de la boite noire dans le Boeing 777 du malheureux vol MH370 de Malaysia Airlines qui a crashé le 08 Mars 2014
Comment les enregistreurs de vol résistent ils aux crashes?
Voici une question qui tracasse plus d'uns.
Comment ces boites arrivent elles à résister à l'impact et être quasiment indestructibles, permettant de comprendre les raisons d'un crash dans 90% des cas? Les black boxes peuvent supporter des chocs allant jusqu'à 3400G, où le corps humain ne tolère qu'au plus 20G. Toujours selon le cahier des charges des constructeurs, ils peuvent résister à une température de 1100 degrés pendant une heure, et restés immergés pendant un mois à plus de 6000m de profondeur. Tout cela est possible grâce aux matériaux utilisés pour leur conception. Ils comportent trois couches de matériaux en acier et titane, une pour la solidité, une deuxième pour la résistance thermique, et la dernière pour l'isolation à l'eau. En cas d'immersion, une balise appelée ULB (Underwater locator Beacon) se déclenche et émet pendant au moins 30 jours un signal à ultrason, détectable à environ deux kilomètres, ce qui permet de les localiser plus vite et facilement. Ce ne sont là que des critères minima. Par exemple, les boîtes noires de l'Airbus du vol Rio-Paris avaient été retrouvées au bout de deux ans en bon état et à près de 4 000 mètres au fond de l'Océan Atlantique


Structure d'une boite noire d'avion
Comment fonctionnent les boites noires?
Elles contiennent une carte électronique qui enregistre les conversations en provenance du cockpit. Les données à stocker ne sont pas du même type, ou ne sont pas traitées de la manière. De façon classique, il y'a deux types de boites noires dans un avion: l'enregistreur phonique ou CVR (Cockpit Voice Recorder en anglais) et l'enregistreur de paramètres ou FDR (Flight Data Recorder). La capacité de stockage du CVR est généralement de deux heures, et celle du FDR peut aller jusqu'à 25 heures. Au fil du temps, lorsque la mémoire est pleine, les données anciennes sont automatiquement effacées pour permettre le stockage des nouvelles. De cette façon, les enquêteurs ont toujours à leur disposition les dernières configurations du vol avant un crash.
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